Caricature parue dans l’annuaire des étudiants
16 Déc
16 Déc
09 Déc
04 Déc
Huile sur toile de Adrien Dubouché par A. Lafond, 1881, Musée National Adrien Dubouché – Limoges
En 1845, le préfet Morisot, père de la célèbre peintre Berthe Morisot, fonde la Société Archéologique et Historique du Limousin et la charge d’organiser un musée d’archéologie locale et régionale ; quelques années après, toujours à la demande du préfet, la S.A.H.L. prend en charge l’organisation du Musée de céramique. Parmi les soixante-quinze fondateurs : Adrien Dubouché, né à Limoges dans une famille de négociants, fondateur de l’Association limousine des arts en 1862, qui devient directeur bénévole du musée, lui offrant de nombreuses pièces de collection – ce qu’il fait jusqu’à sa disparition en 1881. En 1868, il fonde également une école d’art pour former des artisans et des artistes pour l’industrie porcelainière. Il obtient l’année suivante que la ville mette à disposition du musée l’ancien hospice d’aliénés sur la place du champ de foire. En 1881, l’école et le musée deviennent des établissements nationaux. Comme l’a écrit Roland Schaer, « on pense qu’il faut obtenir des ouvriers qu’ils prennent exemple auprès des œuvres les plus belles, et des artistes qu’ils contribuent au perfectionnement des productions industrielles. Expositions industrielles, musées d’arts appliqués et écoles de dessin sont mis au service de cette ambition. » Entre 1894 et 1900, grâce notamment à un don légué par Dubouché, Henri Mayeux peut édifier le nouveau musée, éclairé par de grandes baies vitrées, présentant les collections dans de belles vitrines. La S.A.H.L., pour sa part, œuvre jusqu’à aujourd’hui à la recherche en histoire départementale, publiant un bulletin de haute tenue et pilotant des fouilles archéologiques. Le musée de l’Evêché est créé plus tard, lorsqu’en août 1909, l’Etat vend à la ville l’ancien palais épiscopal et ses jardins ; cet accord est considéré comme l’acte de naissance du musée de l’Évêché car il mentionne la création d’un « musée-bibliothèque ». En 1912, c’est donc l’ouverture du deuxième musée de Limoges, défini alors comme « scientifique, archéologique et historique ».
Une bibliothèque municipale est crée en 1847, installée d’abord dans l’ancien Présidial, puis rue Turgot. La place de la République, encadrée par des immeubles de trois étages, est le lieu festif où l’on se presse : il y a le théâtre municipal, inauguré en 1840, qui permet d’accueillir près de 900 spectateurs ; le magnifique Casino conçu par Charles Planckaert en 1901, café-concert-music-hall qui reçoit les grands artistes des cabarets parisiens et donnent des Revues très populaires ; la salle de conférences ; neuf cafés ou cabarets et, à partir de 1910, le cinéma Les Nouveautés. A l’occasion de foires diverses, on s’amuse de différentes attractions, comme un cirque en planches démontables. Au début du XXème siècle, Limoges devient « la capitale des liquoristes » internationalement reconnue grâce à ses distilleries.
21 Nov
Reproduction en noir et blanc dans le tiré à part
Paysages du Limousin
édité par la région du Sud-Ouest S.N.C.F. à l’automne 1948
(cliquer pour agrandir)
Jean-Louis Paguenaud, pseudonyme de Jean-Philippe Paguenaud, né en 1876 à Coussac-Bonneval (87), et mort le en à Limoges (87), est un peintre français.
18 Nov
Agnès Clancier à Lire à Limoges 2014 (c) L. Bourdelas
Samedi 19 novembre à 17h, la romancière et haut-fonctionnaire, apparentée à Georges-Emmanuel Clancier, est l’invitée des Rencontres de Gay-Lussac organisées par l’association des Anciens Elèves au lycée. Son dernier ouvrage paru s’intitule Karina Sokolova (Editions Arléa, collection 1er/mille). Il est paru en 2013.
Le premier souvenir que je conserve d’Agnès Clancier au fond de moi est celui de notre classe de cinquième dans un collège de Limoges : le moment où l’on vint la chercher pendant un cours parce que sa mère venait de s’éteindre. Il est question de cela dans Karina Sokolova, livre double, qui raconte l’adoption de sa fille en Ukraine, puis l’apprentissage de la vie à deux – mère et fille –, mais aussi l’enfance et l’adolescence souvent douloureuses de la narratrice, dans ce qui est bien un récit et pas un roman. « Il est périlleux de vieillir lorsqu’on n’a pas eu le modèle de sa mère devant soi. » Les souvenirs surgissent naturellement à la fin du livre, lorsqu’il s’agit d’évoquer les parents disparus en s’adressant à la jeune fille : « Je m’aperçois que je t’ai peu parlé d’eux. » Et la douleur rétrospective affleure : « je n’ai vu, moi, que le plus sombre de leur vie. » Malgré de fugitifs instants de bonheur, Agnès Clancier évoque les disputes entre ses parents, leur divorce, la mort de sa courageuse mère – « Un jour, en lavant la vaisselle, elle a laissé échapper ce qu’elle avait dans les mains et s’est courbée en deux en se tenant le ventre. L’année suivante, elle est morte. » –, le retour chez le père – « Il avait commis une sorte de suicide lent, nous infligeant la vision d’une longue agonie, des années d’une errance aux enfers, où il ne pouvait s’empêcher d’essayer d’entraîner ses proches… » Il y a de très beaux passages sur les parents dans ces lignes, par exemple sur un fauteuil que la narratrice garde parce qu’il est taché par une goutte de sang de son père, homme vulnérable dont elle a perçu la faille. Temps « de fureurs et de larmes » où Agnès Clancier fit du karaté parce que son père estimait que « dans la vie, il faut savoir se battre. » Je me dis en parcourant ces lignes que j’étais tellement naïf, tellement « à côté », fasciné par cette jeune collégienne aux cheveux longs et aux si beaux yeux, lorsque quelques instants je marchais à ses côtés, sur les chemins du plateau de Millevaches, du côté de Pigerolles, où je n’ai jamais cessé d’aller, depuis.
Karina Sokolova est l’histoire, écrite sans pathos et dans un style travaillé mais léger, ponctué de traits plein d’humour et d’auto-dérision, de l’adoption d’une petite fille ukrainienne à qui la narratrice s’adresse. Désir d’adoption venu des tréfonds de l’enfance (la grand-mère paternelle d’Agnès Clancier avait elle-même été adoptée, mais elle ne l’apprit que bien plus tard), désir de maternité d’une femme vivant seule la plupart du temps. Adoption précédée par un émouvant passage dans une église orthodoxe de Kiev – presque un hasard, mais existe-t-il vraiment ? – où la narratrice assiste à la fois à la ferveur religieuse et à la détresse d’une femme pleurant et priant, projection possible de la mère de l’enfant qu’elle va adopter, projection possible d’elle-même ; une sorte d’autre baptême, de recommencement. Le livre est donc celui de l’apprentissage de la maternité, rendu encore plus fragile et sensible par le fait qu’il s’agit d’une adoption. L’apprentissage de la vie à deux, une fois dépassées les diverses et désagréables formalités administratives. Mère, fille. Apprentissage poétique de la parole : « tu as appris le français en commençant par la musique de la langue et par la fin des mots (…) Cet apprentissage à la fois tardif et accéléré a rempli notre vie de poésie. » Apprentissage de l’amour réciproque, du bonheur, avec cette petite fille qui dit à sa maman qu’elle est « jolie comme trois pommes ». Effarement aussi devant les incompétences de l’Ecole, qui pousse finalement à la fuite vers d’autres ailleurs plus hospitaliers, au gré des postes proposés à la mère : Australie ou Afrique – lieux de liberté et d’épanouissement. Les éclats de rire de la petite fille reviennent. Mais ce regret, peut-être : la fille de l’écrivain n’aime pas trop la littérature ! Alors l’écrivain décide de lui écrire ce livre, celui de leur histoire commune : « oui, c’est de toi, ma fille, que je parle, de toi, oui, qui regardes par-dessus mon épaule. Tiens, tu aimes lire maintenant ? » Agnès Clancier a gagné son pari difficile de mère puisque sa fille – puisqu’elle-même sans doute – n’a plus peur de l’avenir. Elle a gagné aussi celui de l’écriture de ce récit sobrement émouvant qui n’est rien d’autre qu’une histoire d’amour finissant bien.
13 Nov
(c) J.M. Bourdelas (circa 1973)
Lorsque sont promulguées les lois de la IIIème République sur l’obligation scolaire, la quasi-totalité des enfants de Limoges sont scolarisés dans les écoles municipales. En 1995, Pierre Delage et moi-même avons publié une histoire de l’Ecole de La Monnaie à laquelle je renvoie pour les détails et les précisions. Celle-ci trouvait son origine dans une école mutuelle ouverte en 1818, qui s’installa en 1848 dans le local de la Monnaie, rue Sainte Valérie, en bordure du quartier mal famé du Viraclaud. Le directeur demanda que les vitres soient dépolies « pour enlever à la vue des élèves le spectacle des scandales qui se renouvellent trop fréquemment dans la rue et les maisons voisines. » Cette école, dès sa création, était communale et laïque (même si on y enseignait le catéchisme). Originalité de la pédagogie (y compris par rapport à la notre): le fait que l’enseignement était individualisé à des groupes (les « cercles ») d’une dizaine d’élèves, sous la direction d’un élève « plus avancé », âgé de douze à dix-sept ans : le moniteur. Les cercles se formaient et se déformaient selon la progression de chaque individu dans chacune des disciplines principales : lecture, écriture, calcul. Le maître veillait à l’organisation générale. 162 élèves de 6 à 8 ans acquéraient les bases avant d’entrer dans le monde du travail en apprentissage. Certains – les plus doués et les moins impécunieux – poursuivaient leurs études pour devenir moniteurs ou instituteurs. L’Ecole Normale d’Instituteurs avait été crée en 1833.
La loi du 19 mai 1875 permet aux enfants de rester à l’école jusqu’à douze ans mais s’ils travaillent dans un atelier, ils doivent suivre les cours du soir – mais après une journée de travail de 10 à 12 heures, l’absentéisme est général… Progressivement, les salaires des maîtres s’améliorent. En 1880, l’Ecole devient entièrement gratuite, ce qui nécessite un gros effort de la part des communes. Les programmes se diversifient et des activités périscolaires se développent, comme les promenades à la campagne, au-delà de la Vienne, qui permettent aux petits citadins de découvrir d’autres horizons. C’est le temps du manuel d’histoire de France d’Ernest Lavisse, instrument d’éducation civique et morale au service du « Roman national ». On y lisait par exemple : « Il vaut mieux être venu au monde en ce temps-ci, qu’autant des Gaulois. » Il faut néanmoins attendre les années 1910 pour que l’ensemble des Limougeauds soient alphabétisés.
En 1911, l’école de La Monnaie est transférée route d’Ambazac (Aristide Briand), dans une école de filles – ces dernières migrant au Grand Treuil. Bordant les voies de la ligne Paris-Limoges, elle devient l’école des cheminots pour plusieurs décennies, tandis qu’en 1907 est construite l’église Saint-Paul Saint-Louis (sans toutefois assez d’argent pour financer le clocher) à destination de cette même population. L’écrivain limougeaud Georges-Emmanuel Clancier a raconté dans ses Mémoires ses souvenirs du quartier.
01 Nov
28 Oct
« A Limoges, par exemple, une femme qui se respecte n’oserait monter en fiacre, ces véhicules étant, paraît-il, dans la Haute-Vienne, essentiellement libidineux. Voilà un menu fait qui pousse à la rêverie! Combien mornes ces existences mal aérées, prenant, à la longue, l’odeur moisie des appartements trop clos. La laideur, talion nécessaire, ne tarde point ainsi que l’hébétude juste fruit des ignobles pensers et des vils comportements! »
Terre latine / Laurent Tailhade ; préface de M. E. Ledrain , Paris, 1898.
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