02 Oct

Dieu en personne, de Marc-Antoine Mathieu. Editions Delcourt. 14,95 euros.

   

Nom : Dieu. Prénom : Dieu. Le fonctionnaire d’état n’en saura pas plus. L’homme qui est devant son bureau n’a ni numéro de matricule, ni inscription au service de sécurité, ni référence de traçabilité, ni domicile, ni papiers d’identité. Simplement une identité : Dieu. Et une existence réelle, révélée au grand jour et au beau milieu d’une foule qui n’en croit pas ses oreilles et ses yeux. Dieu, en personne, a rejoint les hommes, ces pauvres mortels. Et très vite, Dieu devient une star. Une superstar. Un phénomène médiatique, une opportunité commerciale, un monstre de foire aux facultés cérébrales infinies, capable de calculer instantanément le nombre de molécules flottant dans une pièce, capable aussi « d’inverser l’évolution irréversible associée à la croissance de l’entropie, et ceci en manipulant chaque molécule individuelle ». Bon, comprenne qui pourra ! En attendant, Dieu, qui se dit à l’origine de tout, se retrouve inculpé et traîné devant la justice, non pas la justice divine mais celle des hommes. Un  »coupable universel » idéal qui devra répondre de nombreux chefs d’inculpation…

Profondément influencée par Kafka, Borges, Terry Gilliam ou encore David Lynch, l’oeuvre de Marc-Antoine Mathieu est à la fois surprenante, déroutante, excitante, forte et en tous cas absolument unique dans l’histoire du Neuvième art. Tout a commencé en 1987 avec l’album Paris-Mâcon, suivi des aventures de Julius Corentin Acquefacques (5 albums parus chez Delcourt), une série qui joue avec les codes de la bande dessinée et le révèle au grand public. Plus tard viendront les one-shot Le Dessin, Mémoire morte (éd. Delcourt) ou encore Les Sous-sols du révolu (éd. Futuropolis) et finalement aujourd’hui Dieu en personne, 120 pages de bonheur graphique et narratif dans lesquelles l’auteur s’empare d’un sujet pour le moins sérieux et le traite façon comédie intelligente, une farce qui prête à réfléchir sur notre monde, notre vision des choses et pas seulement de la religion. Dans l’organe officiel des éditions Delcourt, Planète 49, l’auteur confie : « J’avais envie de réaliser une fresque de l’état actuel de la pensée humaine en me posant une question : que se passerait-il si Dieu débarquait en chair et en os dans le monde d’aujourd’hui? Je voulais que ce soit drôle, parfois grotesque. Il s’agit avant tout d’une farce. Et comme toutes les farces, quand elles sont bien faites, il y a des questionnements qui vont plus loin que le rire » E.G.

Souvenirs de films, collectif. Editions Le Lombard. 29 euros.

    

Le Péril jeune, Sept ans de réflexion, Les Temps modernes, Lost in translation, Danse avec les loups, Easy rider, Il était une fois dans l’ouest, Mort à Venise, Retour vers le futur, Brazil, Les Tontons flingueurs, West side story… Chacun de ces films a marqué le septième art et laissé des souvenirs impérissables, voire révélé une fibre artistique, à nombre de spectacteurs. C’est tout au moins le cas pour Rabaté, Pinelli, Cosey, Blanc-Dumont, Boucq, Dany, Gibrat, Lepage, Servais, Taduc, Hermann, le Rouennais Vatine, Monge et quelques autres encore qui ont en commun le métier d’auteur de bande dessinée et la passion du cinéma. Dans les pages de ce beau livre, paru au Lombard, plus de cinquante auteurs ont ainsi été invités à livrer leurs souvenirs autour du film qui a compté pour eux ou provoqué quelque chose dans leur vie et à en revisiter à leur manière l’affiche. En plus de cent pages, Souvenirs de films établit une belle passerelle entre le septième et le neuvième art. Un beau cadeau pour tous les passionnés de bande dessinée ou de cinéma ! E.G.