17 Août

Bulles d’histoire : quand la bande dessinée ravive la mémoire

Rien de tel que l’été pour se replonger dans notre passé, prendre le temps de comprendre et, peut-être, éviter de reproduire les mêmes erreurs. L’Histoire demeure, et demeurera longtemps, la matière première des auteurs : une source d’inspiration inépuisable et un voyage sans fin pour les lecteurs, qu’elle soit explorée sous l’angle documentaire ou romanesque

On commence avec un titre paru en janvier 2025 dans la collection Prix Albert Londres des éditions Dupuis, une collection dont nous vous avions déjà parlé il y a quelques mois, lors de la sortie de l’album Sur le front de Corée signé Marchetti, Ortiz et Turenne. Le principe reste le même : adapter en bande dessinée le récit d’un lauréat du prestigieux Prix Albert Londres autour d’un événement marquant de notre histoire. Cette fois-ci, il est question de la Shoah et plus précisément des mémoires de la Shoah, un récit basé sur cinq articles réalisés au moment du cinquantenaire de la libération des camps d’extermination par la journaliste Annick Cojean. Témoins directs ou indirects, car oui, le traumatisme se transmet de parents à enfants, tous témoignent de l’horreur de l’holocauste. Une BD qui remplit parfaitement son rôle de transmission en cette année 2025 marquée par les 80 ans de la libération des camps. (Les mémoires de la Shoah, de Rojzman, Cojean et Baudouin. Dupuis. 25€)

On continue dans le même registre avec Les enfants de Buchenwald paru aux éditions Steinkis. Le même registre mais en mode fiction. Les auteurs, Dominique Missika et Anaïs Depommier, racontent ici une histoire méconnue, celle des 426 enfants pris en charge par l’Œuvre de Secours aux enfants, l’OSE, à la libération du camp de Buchenwald. Au milieu des opposants au nazisme, des homosexuels, des Témoins de Jéhovah et bien évidemment des Juifs, les Américains découvrent à leur arrivée 1000 enfants, la majorité orphelins, sans famille à rejoindre, sans foyer à retrouver. Le temps d’un été, l’OSE, en accueille un peu plus de 400 en Normandie où ils seront soignés avant de reprendre le cours de la vie. Parfaitement documenté et basé sur les témoignages de rescapés, les autrices ont toutefois fait le choix de la fiction pour ce récit afin de restituer plus facilement « les parcours chaotiques qui ont été les leurs ». Un dossier d’une dizaine de pages complète judicieusement cet album. (Les enfants de Buchenwald, de Missika et Depommier. Steinkis. 22€)

La Shoah, toujours. Des enfants, encore. Mais un autre camp, celui de Vénissieux, près de Lyon. Nous sommes en août 1942, quelques jours après la rafle du Vel’ d’Hiv, le gouvernement de Vichy, dans un énième élan de soumission à l’occupant nazi, envisage une nouvelle rafle, dans la zone libre cette fois. Parmi les Juifs raflés et rassemblés à Vénissieux figurent de nombreux enfants. Dans l’album Vous n’aurez pas les enfants, dont le titre est emprunté à un tract de la Résistance, Arnaud le Gouëfflec et Olivier Balez retracent l’extraordinaire chaine de solidarité qui s’est organisée pour sauver ces enfants. Fidèle adaptation du livre éponyme de l’historienne Valérie Portheret, fruit de 25 années de recherches, l’album participe à son tour à la transmission de la mémoire et rend hommage au courage et à l’humanité qui, même dans les heures les plus sombres de notre histoire, parviennent encore à s’exprimer. (Vous n’aurez pas les enfants, d’Arnaud le Gouëfflec et olivier Balez. Glénat. 24€)

Il est mort assez bêtement, en décembre 1945, des suites d’un banal accident de la circulation. Pourtant, son nom reste à jamais indissociable d’un moment exceptionnel de l’histoire : la Libération. De la Tunisie à l’Allemagne, en passant par la Sicile, la Normandie et les Ardennes, le général américain quatre étoiles Patton a marqué chaque étape de cette épopée militaire par son franc-parler, son audace stratégique et une énergie folle qui galvanisait les troupes. Le récit de Pécan au scénario, Faina et Salvatori au dessin et Romanazzi aux couleurs, porte sur la dernière année de Patton et notamment sur son rôle dans la fameuse bataille des Ardennes qui marqua un tournant dans la guerre. Un dossier biographique d’une dizaine de pages accompagne ce récit. (Les Maîtres de guerre, Patton, de Pécau, Faina, Salvatori et Romanazzi. Delcourt. 16,50€)

Une autre figure marquante de la Seconde Guerre mondiale, mais pas franchement héroïque, celle-ci : Benito Mussolini, « El Duce ». Chef du fascisme italien, il entraîna son pays dans la spirale de la guerre en s’alliant à l’Allemagne nazie. Ce récit biographique retrace ses derniers instants, depuis sa fuite vers les bords du lac de Côme, où il espère bien former un réduit fortifié avec ses derniers sympathisants jusqu’à sa mort, fusillé sur ordre de la Résistance. Son corps, ainsi que celui de sa maîtresse, sera pendu par les pieds sur une place de Milan. Par une série de flashbacks, le livre revient sur tous les instants qui ont marqué sa vie publique et privée. Côté graphisme, on retrouve avec bonheur la griffe de Christophe Girard qui a remporté en 2023 le Prix du Livre d’histoire contemporaine pour Le matin de Sarajevo. (La Dernière nuit de Mussolini, de Chapuzet et Girard. Glénat. 21,50€)

D’une guerre à l’autre, Serge Fino propose avec la trilogie Jules Matrat une superbe adaptation du roman éponyme de Charles Exbrayat, paru en 1942. Elle raconte l’histoire d’un jeune paysan de Haute-Loire, envoyé à la guerre malgré lui, et revenu profondément marqué par quatre années passées dans les tranchées. Fidèle au roman, la bande dessinée s’attarde bien davantage sur le difficile retour à la vie quotidienne du protagoniste que sur l’horreur de la vie quotidienne au front. « Tu sais plus vivre », lui dit son père lors d’une permission. Et de fait, le Jules Matrat qui revient à la fin de la guerre n’est plus le même. La boue, les canons, la peur, le sang, la mort, l’ont profondément changé, au point que ses proches, sa promise, ses amis, ne le reconnaissent plus. Les deux premiers volets sont d’ores et déjà disponibles, le troisième est annoncé pour la rentrée. Un personnage fort, un destin tragique, des planches de toute beauté… Serge Fino s’impose comme l’un des grands auteurs à suivre. (Jules Matrat, de Serge Fino. Glénat. 15,50€)

Ce qui devait être, au départ, un simple triptyque s’est mué, grâce au succès du premier volet, en une saga de près de dix albums, fruit d’un quart de siècle de travail pour ses auteurs, Jean-Michel Beuriot au dessin et Philippe Richelle au scénario.
Dans un contexte historique minutieusement documenté et porté par des décors magnifiquement reconstitués, Amours fragiles nous entraîne dans une histoire d’amour qui prend racine dans l’Allemagne des années 1930, celles de la crise économique, de la montée du nazisme et d’une guerre annoncée. Martin Mahner, le héros de la saga, épris de liberté et de romantisme, y traverse ses années de jeunesse, partagé entre un père sympathisant des SS et ses amitiés juives, notamment la jeune Katarina dont il tombe amoureux. Enrôlé bien malgré lui dans l’armée nazie, Martin n’aura de cesse de chercher à la protéger jusqu’à la chute d’Hitler, en 1945. Une grande fresque romanesque, aujourd’hui réunie en intégrale chez Casterman. (Amours fragiles Intégrale 1, de Beuriot et Richelle. Casterman. 32€)

Changement d’époque avec un épisode important de l’histoire des luttes sociales et féministes du XIXe siècle. Un épisode important et pourtant oublié. Nous sommes en 1869, à Lyon. Les ovalises, comme on appelle alors les ouvrières des filatures de soie, connaissent des conditions de travail effroyables. Des journées de 12 heures ou plus, avec interdiction de se reposer, interdiction de bavarder, une soumission totale aux volontés du chef d’atelier à qui on reconnaît un droit de cuissage… Tout ça pour un salaire dérisoire de 1 franc et 40 sous auquel il faut soustraire la location d’un lit en dortoir et les éventuelles amendes. Débarquée d’Ardèche avec l’espoir d’une vie meilleure, Camille découvre la condition ouvrière, le mépris de classe… et la grève générale. Avec un graphisme semi-réaliste et à partir d’une solide source de documentation, Bruno Loth retrace cette grève qui dura un mois avec le soutien de l’AIT (Association Internationale des Travailleurs) et fit tache d’huile sur tout le bassin lyonnais. (La Fabrique des Insurgées, de Bruno Loth. Delcourt. 20,50€)

Après Ramsès II, Clovis, Mussolini ou encore De Gaulle, la collection Ils ont fait l’histoire des éditions Glénat s’intéresse cette fois à une figure mythique de l’histoire de France et l’une des plus populaires de Bretagne, Anne de Bretagne. Pour raconter son destin, les auteurs – tous bretons – ont choisi de commencer par la fin, le mariage de Claude, sa fille, avec François d’Angoulême, le futur roi François Ier. Nous sommes le 19 mai 1514, cette union marque la fin de l’indépendance du duché de Bretagne, désormais rattaché au royaume de France. Un dénouement que la duchesse, morte quelques mois plus tôt, avait tenté d’éviter, fidèle à la promesse faite à son père. Un album remarquable, porté par la rigueur du scénario et la force du dessin ! (Anne de Bretagne, de Galic, Lemercier et L’hoër. Glénat / Fayard. 14,95€)

On clôt cette sélection avec le premier volet d’une série qui souhaite mettre en scène des hommes et des femmes aux destins brisés, rattrapés par l’éruption du Vésuve. Pompéi est, vous l’aurez compris, une œuvre de fiction solidement ancrée dans un contexte historique bien réel, dans un décor qui le fut tout autant et que les auteurs ont reconstitué en s’appuyant sur des sources historiques. L’héroïne de ce premier volet, Assa, est une esclave au service d’un notable de la ville. Elle s’éprend du fils de la maison, un musicien et artiste, qui lui propose de l’épouser, au grand courroux de son père. En représailles, Assa est vendue à un lupanar… Une immersion saisissante dans ce que fut peut-être l’atmosphère de Pompéi (Assa, Pompéi tome 1, de Grella, Miel et Pigière. Anspach. 16€)

Eric Guillaud

13 Août

Pages d’été. Love Machine ou l’amour en obsession, une BD de Jeanne Kiviger

C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode repos et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

L’amour. L’amour avec un grand A. Celui qu’on ne rencontre pas au détour d’une rue, quoique, celui qui bouleverse, qui élève, qui consume, celui qui nous change à jamais et qui, parfois, nous fait perdre la tête. Exactement ce que Lola n’a jamais connu. Et pile-poil ce que promet Love Machine.

« Marre de dormir dans des draps froids et tristes ? Dites au revoir au célibat pour seulement 14,99€ par mois. Souscrivez à Love Machine Premium ».

Et coup de chance, Lola a été sélectionnée parmi les 20 000 célibataires les plus désespérés de France pour tester gratuitement le programme révolutionnaire de Love Machine. Une méthode en six étapes pour trouver l’amour : inscriptions sur des sites de rencontres, virées nocturnes, remises en question existentielles…

Lola trouvera-t-elle enfin l’amour ? Réponse dans les pages de ce premier album signé par la jeune et prometteuse autrice française Jeanne Kiviger. Fraîchement diplômée de l’école Auguste Renoir, elle s’impose d’emblée avec un univers très personnel : une palette graphique colorée et résolument moderne, une mise en page dynamique, un humour délicieusement décalé, une belle galerie de personnages et, en filigrane, un regard acéré sur notre société.

Eric Guillaud

Love machine, de Jeanne Kiviger. Sarbacane. 24€

© Sarbacane / Kiviger

29 Juil

Pages d’été. Jean-Luc Cornette et Renaud Garreta prennent de la hauteur avec Le dernier vol de Dan Cooper

C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode repos et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Un nouvel album de Dan Cooper ? Le fameux Dan Cooper d’Albert Weinberg apparu en 1954 dans les pages du magazine Tintin ? Pas vraiment ! Ce Dan Cooper-là n’est pas un pilote de chasse mais un pirate de l’air. Et le seul lien entre les deux est ce nom que le second a peut-être choisi comme pseudo après avoir lu une aventure du premier avant de passer à l’action. 

Et quelle action ! Nous sommes le 24 novembre 1971. Dan Cooper embarque à bord d’un Boeing reliant Portland à Seattle-Tacoma aux États-Unis. Dans son costume soigné, l’homme a tout de l’homme d’affaires mais dans sa mallette se cache une bombe artisanale.

Quelques minutes après le décollage, Dan Cooper menace de la faire exploser. Il exige 200 000 dollars en liquide, ainsi que des parachutes. Le FBI obtempère, pensant qu’il prendra les commandes de l’avion après avoir parachuté l’équipage. Mais c’est lui qui sautera finalement en parachute depuis une trappe-escalier située à l’arrière de l’avion.

De lui, comme de l’argent, on ne retrouvera jamais la moindre trace. Ce détournement d’avion devient alors un mythe, gravé dans l’imaginaire collectif. De multiples films, téléfilms, romans, émissions de radio, chansons y font référence ou en sont directement inspirés. Le domaine de la bande dessinée n’est pas en reste. Le Dernier vol de Dan Cooper retrace l’affaire en s’inspirant des faits réels mais en prenant quelques libertés et un parti pris : Dan Cooper aurait trouvé refuge au Mexique.

De l’action, beaucoup d’action, portée par un découpage percutant, résolument cinématographique, et un graphisme réaliste, à la fois dynamique et expressif, qui nous plonge littéralement au cœur du récit.

Eric Guilaud

Le Dernier vol de Dan Cooper, de Cornette et Garreta. Glénat. 18,50€

© Glénat / Cornette & Garreta

25 Juil

Pages d’été. Au-delà de Neptune, une odyssée aux confins de l’univers signée Gabriele Melegari

C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode repos et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Les forêts verdoyantes ne sont plus qu’un vague souvenir, l’air doit dorénavant être filtré, la mer est définitivement empoisonnée. Bref, la Terre n’est plus qu’une planète morte qu’il devient urgent de quitter. Mais pour aller où ?

C’est à cette question que Léla, astronaute à bord du télescope Ulysse, pourra peut-être répondre un jour. Nous sommes le 22 octobre 2283 quelque part dans l’immensité de l’espace, la jeune femme entame sa 784e journée de mission en dictant son rapport à l’ordinateur central.

« Rapport approuvé. Y a-t-il une information supplémentaire à ajouter ? – Oui, crétin d’ordinateur, vu d’ici, Neptune est vraiment magnifique – Communication refusée. Transmission du rapport ».

Un peu froid ce crétin d’ordinateur. Mais il n’est pas programmé pour faire dans l’empathie et la sensibilité. Même si la solitude commence à lui peser, et son amie à lui manquer, Léla n’oublie pas qu’elle était volontaire pour cette mission. Elle assume mais ça risque d’être un long, un très long voyage, seulement rythmé par ses rapports et ses sauts en immersion virtuelle…

Les éditions Steinkis inaugurent leur nouveau label Aux Confins avec cet album, le premier signé par l’Italien Gabriele Melegari. Au-delà de Neptune est un récit de science-fiction dans la veine de 2001, l’Odyssée de l’espace, né d’une photographie emblématique, celle du premier trou noir prise par le télescope Event Horizon et rendue publique en 2019.

Graphiquement, l’auteur a privilégié l’usage de la gouache, ce qui apporte une belle profondeur à ce voyage spatial et de splendides illustrations de l’univers. Un récit onirique, intimiste et poétique.

Eric Guillaud

Au-delà de Neptune, de Gabrielle Melegari. Steinkis (Aux Confins). 24€

© Steinkis – Aux Confins / Melegari

20 Juil

Pages d’été. Le retour de Raghnarok ou le dragon tout feu tout flamme de Boulet

C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode repos et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Un petit dragon vert écarlate au nez de cochon, juché sur un sanglier nommé Casse-Croûte. Il faut une bonne dose d’imagination pour inventer une scène pareille. Mais Gilles Roussel, alias Boulet, n’en a jamais manqué.

Auteur d’une cinquantaine de bandes dessinées et de livres d’illustrations, Boulet fait ses débuts dans le milieu avec Raghnarok, qui n’est autre que le nom de ce dragon haut en couleur. Le premier tome paraît en 2001, suivi de cinq autres jusqu’en 2009. La série commence avec des gags en une page, avant de s’aventurer vers des récits plus développés.

Depuis longtemps indisponibles, les six albums de Raghnarok sont aujourd’hui réédités dans une belle édition intégrale en trois volumes, augmentée d’un récit inédit, In Girum Imus Nocte.

L’occasion inespérée de retrouver notre adorable personnage et de replonger dans l’univers tendrement loufoque que Boulet a forgé pendant une décennie. 450 pages de bonheur, d’humour et d’action au pays des dragons, des fées, et monstres en tout genre avec, pour cette ultime aventure, une atmosphère un peu plus sombre. Au coeur de la forêt, un être maléfique enlève des enfants. Même pas peur, Raghnarok entend bien tout faire pour le démasquer. À croquer !

Eric Guillaud

Raghnarok, de Boulet. Glénat. (3 volumes disponibles) 19,50€ le volume

© Glénat / Boulet

19 Juil

Pages d’été. François Ravard fou de Bretagne

C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode repos et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…


La Bretagne, ça vous gagne ? Elle a en tout cas conquis François Ravard. Normand de naissance, Dinardais d’adoption, l’homme est littéralement tombé amoureux de la région, de ses hommes, de ses plages, de ses terres, de sa pluie, de son soleil… et de son vent.

Bon vent !, justement, c’est le titre de son dernier ouvrage, un recueil d’une cinquantaine de dessins qui rendent hommage au littoral breton et aux drôles de personnages que l’on peut y croiser parfois. Comme cette joggeuse matinale accompagnée de son chien, ou cet homme qui tente de retrouver un peu de souplesse avant, comme on peut l’imaginer, d’aller se baigner ou jouer de l’épuisette, comme ce pêcheur endormi sur sa chaise, l’hameçon au sec, ces amoureux qui se bécotent sur les plages publiques ou encore ce consciencieux en chemise blanche, cravate noire, jouant du clavier sur une bouée gonflable.

Après Pas un jour sans soleil, dont on vous vantait déjà les mérites ici-même, François Ravard poursuit sa belle déclaration d’amour à la Bretagne. C’est drôle, frais, délicatement iodé, poétique à souhait, avec en filigrane un clin d’œil graphique à Sempé. À savourer sur le sable, en maillot de bain ou en ciré jaune.

Eric Guillaud

Bont vent!, de François Ravard. Glénat. 16,50€

© Glénat / Ravard

18 Juil

Pages d’été. American Parano, un polar kennedyesque signé Bourhis et Varela

C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode repos et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Juin 1968. L’Amérique est en pleine effervescence électorale, à la recherche de son prochain président. Le sénateur démocrate Bob Cavendish est le grand favori. Mais il porte aussi un lourd héritage : celui de son frère, ancien président, assassiné quelques mois plus tôt.

Un mort dans la famille, c’est beaucoup. C’est justement pour éviter un second drame que le lieutenant Kim Tyler a été mutée de San Francisco à New York, chargée de la sécurité du candidat. Mais sa présence n’y changera rien. Lors d’un meeting, sous ses yeux, Bob Cavendish est abattu d’une balle en pleine tête.

Comment une simple enquêtrice de terrain, spécialiste des homicides, s’est-elle retrouvée à jouer les gardes du corps d’un candidat à la présidence ? C’est la question à laquelle vont tenter de répondre deux agents du FBI, chargés de l’interroger. Entre les secrets inavouables de la puissante dynastie Cavendish et les manœuvres politiciennes qui gangrènent les plus hautes sphères du pouvoir américain, Kim Tyler révèle une nouvelle fois sa fragilité dans ce monde de brutes épaisses.

Après les cercles sataniques de San Francisco, la nouvelle enquête de Kim Tyler, écrite par Hervé Bourhis et dessinée par Lucas Varela, nous transporte dans le New York des années 60. Inspirée de la saga des Kennedy, cette intrigue explore les zones d’ombre de la politique et les dérives des ambitions familiales. Récompensé par le Prix BD Polar Expérience lors du dernier Festival international Quais du Polar à Lyon, American Parano s’impose comme un véritable polar. Chaque album proposera une enquête indépendante, située à une époque et dans un lieu différents, avec pour ambition de revisiter les grands mythes américains de la seconde moitié du XXe siècle.

Eric Guillaud

Manhattan trauma, American Parano (tome 3), de Bourhis et Varela. Dupuis. 16,50€

© Dupuis / Bourhis & Varela

15 Juil

Pages d’été. Retour sur la tragédie de la Fastnet 1979 avec Melchior et Garreta

C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode repos et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Une véritable tragédie ! Vingt voiliers coulés, quinze morts et cent trente-neuf personnes secourues. L’édition 1979 de ce qui est considéré comme l’une des plus belles courses à la voile mais aussi l’une des plus exigeantes, la Fastnet, a marqué le monde de la navigation à jamais.

Pourtant, tout s’annonçait pour le mieux. Trois cent trois voiliers au départ de l’Île de Wight le 11 août 1979, 2700 marins aguerris ou amateurs, des conditions météorologiques idéales, du vent, mais pas trop… Jusqu’à l’arrivée d’une dépression née dans les grandes plaines du nord des États-Unis et qui ne faiblira pas en traversant l’Atlantique. Le bulletin météo de la BBC du 12 août annonce un vent de force 6 en soirée et 8 dans la nuit, avant de se raviser et prédire un force 10, une tempête.

Plus le temps de se mettre à l’abri, la grande majorité de la flotte est déjà en train d’affronter les vents. La suite, on la connaît !

Dans cet album signé par le scénariste et marin Stéphane Melchior, et illustré par Renaud Garreta, dont on a déjà pu admirer le trait dans une trentaine d’ouvrages, et notamment plusieurs consacrés au monde de la voile, l’aventure prend le large avec maîtrise et passion. Un ouvrage hyper documenté et complété par un dossier sur l’histoire de la Fastnet Race.

Eric Guillaud

Fastnet 1979 – Un ouragan sur la course, de Melchior et Garreta. Delcourt. 22,50€

© Delcourt / Melchior & Garreta

Pages d’été : une nouvelle lune de miel sous tension signée Bastien Vivès

C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode repos et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Si vous avez aimé le premier tome de cette nouvelle série signée Bastien Vivès, nul doute que vous apprécierez également celui-ci. Comme dans le précédent, on retrouve Sophie et Quentin, nos deux protagonistes, embarqués pour un voyage en amoureux. Et comme dans le précédent, les enfants ont été confiés aux grands-parents, avec, cette fois un petit cadeau : la gastro.

« Ça s’fait pas de leur avoir laissé nos deux enfants malades », s’exclame Sophie. Mais ses scrupules vont rapidement s’estomper. Leur vol pour l’Amérique centrale est détourné en raison de conditions météorologiques désastreuses. Le couple n’a d’autre choix que de louer une voiture pour tenter de rejoindre sa destination mais nos deux tourtereaux se retrouvent perdus en pleine jungle et mêlés malgré eux à un conflit entre des orpailleurs et des flics ripous. De quoi transformer leur escapade romantique en un périple chaotique.

Après Le Baiser du sphinx, Le Secret de Coatlicue confirme l’orientation prise par cette série : de l’action, de l’action et encore de l’action avec un rythme soutenu et une bonne touche d’humour. Et toujours ce plaisir intact de retrouver la patte graphique de Vivès, reconnaissable entre mille…

Eric Guillaud

Le Secret de Coatlicue, Lune de Miel tome 2, de Vivès. Casterman. 14,95€

© Casterman / Vivès

12 Juil

Pages d’été. Notre sélection de BD à lire sous le soleil exactement