17 Nov

Tsunami, un voyage au coeur de l’Indonésie signé Piatzszek et Pendanx chez Futuropolis

TSUNAMI-COVER_WEB1Bien évidemment, il est impossible d’ouvrir ce livre sans penser au typhon Haiyan qui vient de frapper les Philippines et de nous resservir les mêmes images de désolation qu’en 2004 sur les côtes indonésiennes.

Pourtant, Tsunami n’est pas à proprement parler un récit sur cette catastrophe aux centaines de milliers de morts et de disparus. Lorsque Romain Mataresse, le personnage de Jean-Denis Pendanx et Stéphane Piatzszek, débarque à Bandah Aceh, au nord de l’île de Sumatra, le tsunami n’est plus qu’un très mauvais souvenir. La vie a repris son cours, les motos déglinguées envahissent à nouveau le centre-ville, seuls les panneaux d’avertissement aux risques de submersion et les cargos rouillés posés sur la terre ferme rappellent que le drame n’est pas encore si loin et surtout qu’il est encore possible.

Si le jeune-homme débarque dans ce coin du monde un beau jour de 2013, ce n’est pas pour faire du tourisme. Il est là pour retrouver sa soeur, Elsa, toubib, arrivée ici au lendemain de la catastrophe et portée disparue depuis 2005. Romain se l’est promis, il retrouvera sa soeur coûte que coûte, même s’il doit parcourir tout le pays…

Futuropolis / Pendanx et Piatzszek

Futuropolis / Pendanx et Piatzszek

C’est donc cette recherche, cette quête, cette enquête même, que nous racontent Jean-Denis Pendanx et Stéphane Piatzszek, une enquête parsemée de rencontres, de découvertes et d’initiations aux croyances et traditions locales. On y croise des vivants comme Jessie, une belle et jeune Papoue un peu chapardeuse, mais aussi des morts en colère, des fantômes du Tsunami. Beaucoup moins pictural que dans les albums Abdallahi ou Jeronimus, le graphisme de Jean-Denis Pendanx n’en est pas moins extraordinairement fort et de caractère. Chacune des quelque 110 planches nous transporte littéralement dans cette région du monde à la fois luxuriante et meurtrie par le tsunami, une région que Piatzszek connaît bien et aime profondément. On ne peut que le sentir !

Eric Guillaud

Tsunami, de Pendanx et Piatzszek. Editions Futuropolis. 20 euros

14 Nov

Jeune fille en Dior ou l’épopée du célèbre couturier par Annie Goetzinger chez Dargaud

9782205070934-couv-I400x523Paris, le 12 février 1947. Les blessures de la guerre ne sont pas encore refermées mais la vie reprend doucement son cours. Avenue de Montaigne, quelques élégantes se pressent devant les ateliers de Christian Dior pour assister à son premier défilé de mode. En coulisse, c’est l’effervescence, le maquillage, les coiffures, les ultimes retouches sur les modèles présentés… Pendant ce temps-là dans la salle, les personnalités se bousculent, Marlène Dietrich, Cocteau, le décorateur et créateur de costumes Bérard, Hélène Lazareff du magazine Elle, Bettina Ballard de Vogue et un peu plus loin la jeune journaliste Clara du Jardin des modes. Pour Clara, c’est une grande première. Son papier sur le défilé rencontrera un immense succès. Mais la jeune femme ne restera pas longtemps chroniqueuse de mode, elle deviendra mannequin pour la maison Dior…

DIOR. Quatre lettres qui symbolisent à elles-seules le luxe, l’élégance, le monde de la haute couture et en même temps une certaine image de la France. Un monde que l’auteure Annie Goetzinger connaît pour l’avoir fréquenté à ses débuts. Elle officiait alors dans le dessin de mode. Et c’est surement de cette expérience que lui vient son trait, pure, élégant, raffiné.

Dans ce biopic, Annie Goetzinger raconte l’épopée de Christian Dior, la création, le développement de la maison et la naissance de cet empire que l’on connaît encore aujourd’hui. Elle raconte aussi le travail de ses collaboratrices proches, ses chéries comme il les appelait, et de ces petites mains, les fées couturières, capables de passer des heures et des heures sur chaque modèle. Elle nous raconte enfin une histoire d’amour et de passion, celle d’une chroniqueuse de mode qui devient mannequin pour la célèbre marque. Une histoire de fiction, une liberté que s’est donnée l’auteure pour élargir son propos à l’environnement de la mode. « C’est une sorte de faire-valoir au couturier », explique-t-elle dans une interview accordée aux éditions Dargaud, « tout est faux mais je voulais que ce soit vraisemblable. On pouvait devenir mannequin parce qu’on était jolie, élégante, qu’on savait marcher et qu’on avait de l’allure. Donc le petit personnage de Clara qui était au départ anonyme va devenir une très jolie jeune et élégante parisienne au travers des transformations de la maison de couture… ». Un très très beau livre taillé sur mesure !

Jeune fille en Dior, de Annie Goetzinger. Editions Dargaud. 24,95 euros

 Eric Guillaud

 A découvrir ci-dessous une interview d’Annie Goetzinger

13 Nov

75 ans de Spirou : Terminus du Spirou Tour à Rennes

BY74-1OCAAAxgaXPour les 75 ans du magazine ET du héros Spirou, les éditions Dupuis ont entamé en début d’année un Spirou Tour, 10 villes étapes, autant de numéros spéciaux du journal.

Après Paris, Lyon, Montpellier ou encore Bordeaux et Nantes, c’est au tour de la ville de Rennes d’accueillir le Spirou Tour le samedi 16 novembre à partir de 14h30 à la librairie Chapitre Forum du livre.

Au programme cette dernière étape: une exposition de la Galerie des Illustres, des grooms distribuant des journaux Spirou, une tombola, la diffusion du documentaire « Spirou une aventure humoristique » et une séance de dédicaces réunissant Michel Plessix, Bruno Bazile, Jean-Claude Fournier et Yoann, le dessinateur actuel des aventures de Spirou et Fantasio.

De son côté le magazine Spirou spécial Bretagne, disponible en kiosque depuis ce mercredi 13 novembre, vous propose une interview de François-Régis Sirjacq, directeur de la librairie Chapitre Forum du livre, des histoires courtes et bretonnes signées Plessix, Pascal Jousselin, Lepage, Stanislas Barthélémy, mais aussi des jeux, les bons plans des auteurs, les séries habituelles…

Et le concours Spirou organisé par France 3 Pays de la Loire ? Il s’achève le 15 novembre lui-aussi. Plus que quelques heures donc pour y jouer ici-mêmeA gagner : 20 exemplaires de l’album Dans les griffes de la Vipère et 10 boîtes métalliques aux couleurs de Spirou et Fantasio.

 Eric Guillaud

10 Nov

Diagnostics, un récit de Diego Agrimbau et Lucas Varela aux éditions Tanibis

Capture d’écran 2013-11-09 à 18.55.23Un coup d’oeil rapide suffit amplement à considérer que nous ne sommes pas en présence d’un album ordinaire. Diagnostics, c’est son nom, est constitué de six histoires courtes ayant pour thèmes des troubles mentaux comme la claustrophobie que tout le monde connaît, l’aphasie ou mutisme, l’akinétopsie qui se caractérise par un déficit de perception du mouvement ou encore la prosopagnosie qui est l’incapacité à identifier un visage connu. Si le fond n’est déjà pas courant en lui-même, c’est bien dans la forme que l’album se distingue. Les auteurs revisitent le récit de genre en mettent en scène chacun de ces troubles par une exploration singulière des codes de la BD. Ainsi, Soledad, la jeune héroïne atteinte de claustrophobie, doit-elle s’échapper de la planche de BD pour enfin se délivrer de son histoire. Ainsi, Miranda qui souffre d’aphasie ou trouble du langage, voit-elle ses pensées s’imprimer partout dans son environnement, sur les panneaux publicitaires, les camions, les murs, les objets du quotidien…

Né de la rencontre entre deux auteurs argentins, Lucas Varela et Diego Agrimbau, à l’occasion d’une résidence à la Maison des Auteurs à Angoulême, Diagnostics est un album véritablement étonnant, un laboratoire, pour reprendre l’expression du petit éditeur lyonnais Tanibis, d’expérimentations narratives et graphiques. En librairie le 15 novembre.

Eric Guillaud

Diagnostics, de Diego Agrimbau et Lucas Varela. Editions Tanibis. 17 euros

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09 Nov

L’album Fanfulla d’Hugo Pratt et Milo Milani réédité aux éditions Rue de Sèvres

Capture d’écran 2013-11-09 à 16.40.03Comme le souligne très justement l’auteur Antonio Carboni en préface, Fanfulla est l’une des histoires de Pratt les moins connues du grand public. Elle a été réalisée en 1965 à la fin de la collaboration de l’auteur avec l’hebdomadaire italien pour la jeunesse Corriere dei Piccoli, collaboration qui avait donné naissance à plusieurs autres récits, parmi lesquels Billy James, L’Ombre ou encore L’île au trésor.

Edité en album en 1981 puis 1987 aux Humanoïdes Associés, Fanfulla ne souleva jamais l’enthousiasme des foules au point que le récit disparut de la circulation. Il faut attendre la naissance d’une nouvelle maison d’édition, Rue de Sèvres, pour le retrouver enfin dans un format à l’italienne pour le moins judicieux et recolorisé sobrement par Patrizia Zanotti. De quoi apprécier pleinement le génie du bientôt créateur de Corto Maltese et son trait qui oscille alors entre un réalisme classique et une figuration simplifiée par de grands aplats de noir.

Côté histoire, Fanfulla nous plonge dans l’Italie du 16e siècle, au coeur des luttes pour la possession des grandes villes, Rome d’abord, Florence ensuite. Fanfulla le mercenaire, borgne sans pitié, navigue entre alliances et trahisons, combats violents et rédemptions. Un album indispensable pour les amoureux de Pratt, une curiosité pour les autres !

Eric Guillaud

Fanfulla, de Hugo Pratt et Mino Milani. Editions Rue de Sèvres. 20 euros

08 Nov

Interview d’Etienne Davodeau pour son nouvel album Le Chien qui louche

Il aurait pu imaginer pour son nouvel album le casse du siècle au Louvre, le vol de la Joconde ou du Radeau de la Méduse, mais Etienne Davodeau n’est pas de ce genre-là. L’auteur ligérien préfère les histoires ancrées dans le réel, le quotidien, même quand il signe une comédie comme aujourd’hui…

© Didier Gonord

© Didier Gonord

 

Etienne Davodeau est l’auteur de ce qu’il est convenu d’appeler quelques classiques de la BD francophone comme « Rural! », « Les Mauvaises gens », « Quelques jours avec un menteur », « Lulu femme nue« , dont l’adaptation cinéma sortira en janvier 2014, ou encore « Les Ignorants« , initiation croisée entre un auteur de BD et un viticulteur. Un véritable succès de librairie vendu à 150 000 exemplaires en langue française et traduit en allemand, espagnol, italien, brésilien…

Mais Etienne Davodeau n’est pas du genre à s’endormir sur ses lauriers, encore moins sur ses piles de livres. Alors, aussitôt apposé sa signature sur la dernière page d’un album, l’homme rebondit sur un autre projet, en alternant si possible fiction et documentaire.

Son nouvel album, « Le Chien qui louche », entre dans la catégorie fiction même si le récit, comme tous ceux d’Etienne Davodeau, reste profondément ancré dans le réel. C’est sa marque de fabrique : le quotidien, les petites choses qu’on ne voit pas et qui sont pourtant là à portée de main et puis ces gens ordinaires, tous ces « losers magnifiques » pour reprendre une de ses expressions.

La suite à lire ici…

Eric Guillaud

05 Nov

Titeuf, un album collector pour fêter les 20 ans du héros de Zep

9782723498180-L-1Plus de 20 millions d’albums vendus, des traductions dans 25 langues différentes, une adaptation en dessin animé pour la télévision, un long-métrage au cinéma… et  20 ans d’existence tout rond !

20 ans et pas un cheveu blanc, pas une ride au coin de l’oeil, pas un problème d’arthrose ou de mémoire… juste la goutte au nez et encore.

Titeuf, c’est la jeunesse éternelle, la cour d’école à perpet, les blagues de morpets en mode infini.

Et pour fêter ses 20 ans, Glénat, l’éditeur historique des aventures de Titeuf, nous offre un album  anniversaire collector. Seulement 4000 exemplaires, un dos toilé carré et 20 ans de souvenirs, de chiffres, d’anecdotes et d’histoires courtes extraites des treize albums disponibles à ce jour. Merci qui ?

Eric Guillaud 

Titeuf 20 ans, de Zep. Editions Glénat. 18 euros

A lire l’interview exceptionnelle que nous a récemment accordé Zep à l’occasion de la sortie de son album Une Histoire d’hommes

04 Nov

L’album Paco les mains rouges de Sagot et Vehlmann reçoit le prix Lulu la Nantaise

9782205068122-couv-I400x523Lulu la Nantaise, la blonde comac de Saïgon, ça vous cause ? Quelques secondes de dialogues entre Lino Ventura et Bernard Blier dans la fameuse scène de la cuisine du non moins fameux film Les Tontons flingueurs ont suffit à la rendre célèbre pour l’éternité et au-delà.

Lulu la Nantaise est aussi le nom d’un prix littéraire, oui oui, décerné chaque année ou à peu près du côté de Nantes par le groupe de jazz du même nom.

Et cette année, dans la foulée du Goncourt et du Renaudot, le jury a décerné le Prix Lulu la Nantaise 2013 à la bande dessinée Paco les mains rouges de Fabien Vehlmann et Eric Sagot.

Eric Guillaud

Retrouvez la chronique de l’album signée Didier Morel ici et la cérémonie officielle filmée par Ouest France là…

03 Nov

Rencontre avec Reno, le dessinateur d’Aquablue, à l’occasion de la sortie de l’album Standard-Island

Reno ©DRNous avons publié voici quelques jours l’interview de Régis Hautière, le scénariste de la série Aquablue, invité au festival des Utopiales à Nantes. Nous avions souhaité par la même occasion poser les mêmes questions à Reno, le dessinateur de la série. Voici ses réponses…

Trois ans, trois albums. Est-ce que l’envie d’animer les aventures de Nao est toujours aussi vive ?

Reno. Plus que jamais ! J’ai l’impression d’avoir encore tout à montrer et tout à prouver. Nous étions parti à la base de notre reprise sur un cycle de 5 tomes mais tout indique que nous allons finalement nous étendre un peu plus. Et c’est tant mieux.
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Qu’est ce qui vous a décidé à reprendre cette série ?
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Reno. En matière de SF, c’est LE monde que je voulais illustrer. Ado j’étais fan de la série et je n’ai pas hésité longtemps avant d’accepter de travailler sur cette reprise.

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Et que pensez-vous lui apporter ?

Reno. Thierry Cailleteau et Olivier Vatine on réussi selon moi un magnifique mélange des genres à l’époque, qui a largement fait école depuis. De la bd franco-belge, profondément influencé par les codes du cinéma à grand spectacle hollywoodien avec des éléments empruntés aux comics et aux mangas sans toutefois perdre son identité. J’espère encore accentuer ce métissage tout en poussant les curseurs sur le réalisme et le spectaculaire. A l’époque ou Aquablue était sorti, le numérique était encore loin de s’être imposé à Hollywood et les jeux videos étaient en 16 couleurs. Aujourd’hui, en matière de blockbuster et de jeux videos, l’industrialisation et la technicité des effets spéciaux est telle qu’en comparaison, la bd fait vraiment figure d’artisanat. Ne vous méprenez pas, je trouve ça formidable et j’espère que les auteurs européens pourront promouvoir encore longtemps ce qui fait la singularité de notre bd . Mais ça me donne le sentiment que dans ce genre en particulier, la sf, je me dois d’aller chercher les techniques les plus récentes et de tenter de les intégrer à cette bd. J’aimerai également avec le concours de Régis, épaissir les personnages et rompre avec le manichéisme passé de la série.
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Avec le recul, jugez-vous que la reprise d’Aqualue s’est faite facilement ?
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Oui, ça s’est fait très naturellement, tout comme le travail avec Régis.
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Quels retours avez-vous des aficionados de la première heure ?
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Les retours sont bons, je ne sais pas si on peut l’affirmer après trois tomes, mais je pense qu’on a su gagner la confiance des lecteurs.
aquablue_14_standard_island_planche01Avez-vous eu des contacts avec les créateurs de la série Olivier Vatine et Thierry Cailleteau ?
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Reno. Très peu, mais j’ai cru comprendre qu’ils étaient très contents de cette reprise.
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Comment fait-on pour s’approprier des personnages, des décors, un univers, inventés par d’autres et en même temps y apposer sa griffe ?
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Reno. Pour ma part, l’univers correspond tellement à ce que j’aurai pu faire spontanément, que ça n’a pas été difficile. D’autant plus que plusieurs dessinateurs  ( Tota et Siro ) avaient déjà avant moi, réinterprété ce monde et ses personnages. Scénaristiquement et graphiquement, il s’est plus agi pour nous de faire une moyenne de toutes ces interprétations et d’y greffer nos envies pour cette série. Et quand je pense à la pression que doivent représenter des grosses reprises comme Blake et Mortimer, Lucky Luke ou surtout le dernier Astérix, ou là il ne s’agit pas d’un simple « devoir de cohérence » mais d’une véritable continuité graphique et scénaristique, je me dis qu’on est bien lotti et que Delcourt nous a vraiment laissé carte blanche.

aquablue_14_standard_island_planche02Quel a été votre objectif premier, scénaristiquement et graphiquement parlant, au moment de la reprise d’Aquablue ?

Reno. Tenter de ne pas trahir ce qui m’avait plu dans le premier cycle tout en apportant une grosse touche réaliste et cinématographique aux personnages et aux contextes. Rompre avec les approches précédentes pour apporter quelque chose de neuf et d’original tout en honorant le travail de Vatine que j’admire.
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Aquablue a toujours été synonyme d’écologie, d’humanisme. Est-ce quelque chose qui vous tient également à coeur ?
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Reno. Une bd de sf est selon moi forcément un message vulgarisé d’écologie et d’humanisme. Optimiste ou pessimiste. L’écologie et l’humanisme devrait être au centre de toutes les préoccupations de nos politiques, mais affirmer cela est évidemment d’une naïveté confondante et je me désole chaque jour de voir le « réalisme économique » et les plus bas instincts humains triompher sur le bien commun. Le récit d’Aquablue enfonce des portes ouvertes et pourrait être perçu comme fort candide, mais il est finalement tellement proche de la réalité qu’il est, je pense, toujours pertinent.
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Votre graphisme est beaucoup plus réaliste que celui de Vatine ou Ciro Tota. Avez-vous dû faire des concessions ?
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Reno. Ce fut ma seule condition pour m’atteler à cette reprise, développer mon style que je savais en rupture, sans faire de concessions. J’ai de la chance, car malgré quelques grincements de dents face à mon approche tout numérique, je crois que le nouveau cocktail est plutôt bien passé.
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Quelle a été votre première rencontre avec la science fiction et quelle a été son influence sur votre travail ?
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Reno. Je ne vais pas être très original mais je suis un gamin des années 80 biberonné au Spielberg et au Lucas. Et je ne m’en suis jamais remis. J’ai eu beau entre autres, dévorer les bouquins d’Asimov à mon adolescence et m’inprégner de multiples influences artistiques, pour moi la SF c’est un grand écran avec une scéne se situant entre l’attaque de l’étoile de la mort et l’arrivée des extra-terrestres dans rencontre du troisème type.
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Que recherchez-vous en priorité dans la science fiction ?
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Reno. Qu’elle me transporte ailleurs.
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Quelles sont vos références, vos influences, vos maîtres ?
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Reno. Tudieu ! Elles sont si nombreuses qu’il va être assez fastidieux de toutes les énumérer. C’est donc comme je le disais plus haut, le cinéma de genre hollywoodien qui m’a d’abord profondément marqué, je ne peux pas le nier. Ces satanés ricains ont beau nous coller des personnages avec des psychologies en carton, ils ont des moyens insolents et savent s’y prendre pour formidablement mettre en image le merveilleux. A l’adolescence j’ai eu deux chocs artistiques majeurs et radicalement opposés, d’un côté j’ai découvert l’histoire de l’art et tout en apprenant maladroitement à maitriser la peinture je suis tombé amoureux des impressionnistes et leur représentation de la lumière et de l’autre il a y eu l’électrochoc « Akira » de katsuhiro Otomo ou comment faire voler en éclat tous les codes de la bd franco-belge que je chérissais jusque là. Aujourd’hui, je vénère à la fois les illustrateurs américains académiques comme Norman Rockwell ou J.C Leyendecker pour leur patte ahurissante, les auteurs italiens et espagnols des années 70 pour la puissance de leur trait et la beauté du noir et blanc. Mais ceux qui m’influence le plus en ce moment sont les concept artists qui oeuvrent sur les grosses productions hollywoodiennes. Sinon, je voue une vénération sans bornes à Hergé, Franquin, Alexis, Moebius, Otomo, Miyazaki, Blutch, Guarnido, Marini , Travis Charest et j’en oublie des dizaines. Mais qui n’apprécie pas ces artistes, me direz-vous ?
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Si vous deviez partir pour une planète lointaine avec un minimum de bagages, qu’emmèneriez-vous pour tenir en éveil votre imaginaire ?
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Reno. Une encyclopédie universelle et exhaustive de tout ce qui a été fait sur Terre, histoire d’avoir de la matière pour deviser indéfiniment au coin du feu avec des extra terrestres que je ne manquerai pas de rencontrer.
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Avez-vous le temps d’avoir encore d’autres projets ou la série Aquablue est vraiment trop chronophage ?
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Reno. J’adorerai Pouvoir entamer d’autres projets, les idées ne manquent pas, mais c’est bien le seul défaut de cette reprise, c’est qu’elle me bouffe absolument tout mon temps ! Peut-être plus tard, mes enfants grandissant et mon aisance s’accentuant, je pourrai me relancer sur d’autres pistes, mais ce n’est pas à l’ordre du jour, pour l’instant toute mon énergie est porté sur cette reprise ou j’ai encore tout à faire et à prouver.
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Pour une fin en musique, pouvez-vous nous dire quelle est votre playlist du moment?
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Reno. Les Beatles, les Rolling Stones, David Bowie et Queen parce que je suis un inconditionnel du rock classique et que je ne m’en lasse pas, de la pop pshychédélique des sixties et du Beastie boy quand je suis mou du stylet. Enfin du plon-plon Hollywoodien pour l’ambiance générale, John Wiliams, Hanz Zimmer et Dany Elfman. Le tout avec une touche de Svinkels, TTC, Stupéflip quand j’en ai soupé du plon-plon, justement, pour mieux y revenir.
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Propos recueillis par Eric Guillaud le 03 novembre 2013

Retrouvez l’interview du scénariste Régis Hautière ici et la chronique de l’album là

02 Nov

Le palmarès 2013 des Utopiales, festival international de science-fiction de Nantes

Souvenirs-de-lempire-de-latome-couvertureLe festival des Utopiales qui se tient à Nantes jusqu’au lundi 4 novembre a décerné ce soir ses prix.

Souvenirs de l’empire de l’atome, d’Alexandre Clérisse et Thierry Smolderen, paru aux éditions Dargaud, a reçu le Prix de la meilleure bande dessinée de science-fiction. Retrouvez la chronique de Didier Morel ici

Les autres prix :

Prix Julia Verlanger pour Le Protectorat de l’ombrelle de Gail Carriger, Editions Orbit, 2009 à 2013

Prix du meilleur scénario de jeux de rôle pour Longue est la nuit de Cyril Puig et Stephan Roulc

Prix du meilleur jeu vidéo (Game Jam) pour Tard is paradox

Prix du Jury – compétition européenne de courts métrages pour The Creator de Al & Al, Royaume-Uni, 2012 et pour Sleepworking de Gavin Williams, Royaume-Uni, 2012

Prix du public – compétition européen de courts métrages pour Orbit ever after de Jamie Stone, Royaume-Unis, 2013

Grand prix du Jury – compétition internationale de longs métrages pour Jodorowsky’s Dune de Frank Pavich, États-Unis, 2013

Prix Syfy du public – compétition internationale de longs métrages pour Jodorowsky’s Dune de Frank Pavich, États-Unis, 2013

Prix Utopiales jeunesse pour Nox, Ici-bas d’Yves Grevet, Editions Syros Jeunesse, 2012

Prix Utopiales européen pour Exodes de Jean-Marc Ligny, Editions L’Atalante, 2012

Eric Guillaud