Si son univers graphique avait surpris plus d’un à ses débuts, force est de constater que le temps n’a en rien émoussé le talent de Guillaume Sorel, qui est de retour en ce mois d’octobre avec Deryn Du, un récit à donner la chair de poule… ou de corbeau.
Le ciel est bleu, la mer est calme, et le village, blotti le long de la côte galloise entre le port et les collines, semble être gagné par la torpeur de l’été. Tout paraîtrait paisible, presque figé, s’il n’y avait pas cet attroupement sur la plage : une baleine échouée. Immense. Nauséabonde. Son corps porte les marques de morsures. Des requins ? Visiblement non. Mais alors… quoi d’autre ?
Ce drame n’est que le premier d’une longue série. En l’espace de deux semaines, plusieurs meurtres atroces ont été commis : un homme retrouvé broyé par une créature inconnue, un autre empoisonné par des araignées, et plus troublant encore, un couple piétiné dans son lit par des chevaux.
Un tueur fou ? Une force surnaturelle ? Le village s’inquiète, la police enquête… Et au cœur de cette agitation, une jeune fille aussi mystérieuse qu’insaisissable. Elle s’appelle Deryn…
Impossible de ne pas tomber sous le charme du graphisme de Guillaume Sorel qui, depuis sa première série L’Île des morts — publiée entre 1991 et 1996 aux éditions Vents d’Ouest et régulièrement rééditée en intégrale — nous transporte dans un univers à la fois envoûtant et fantastique.
Impossible de ne pas succomber au charme du graphisme de Guillaume Sorel qui, depuis sa première série L’Île des morts— publiée entre 1991 et 1996 aux éditions Vents d’Ouest et régulièrement rééditée en intégrale — nous transporte dans un univers à la fois envoûtant et fantastique.
Cette fois, l’auteur s’est lancé dans une réflexion partagée avec quelques amis du neuvième art : comment faire peur en bande dessinée ? Une vaste question, tant la peur demeure sans doute l’émotion la plus difficile à faire passer dans ce médium.
Pour y parvenir, Guillaume Sorel a joué sur les angles de vue, les cadrages, tout en rejetant les ambiances nocturnes et glauques. « Dans Deryn Du… » , explique-t-il, « c’est l’été, les blés sont mûrs, la mer est belle et calme. Il fait jour presque tout le temps. L’idée était d’amener une atmosphère étrange dans un lieu à priori pas du tout inquiétant. »
À défaut d’avoir cette peur incontrôlable que l’on peut ressentir devant un film d’horreur, le lecteur se retrouve plongé dans une ambiance inquiétante, c’est une angoisse plus subtile, plus poétique, qui s’installe au fil des pages. Somptueux !
Eric Guillaud
Deryn Du, de Guillaume Sorel. Dupuis. 25€