03 Oct

Starman : entre flamboyance et métamorphoses, Reinhard Kleist raconte Bowie

Après Elvis Presley, Johnny Cash et Nick Cave, l’auteur allemand Reinhard Kleist replonge dans l’univers de la musique avec l’une de ses figures les plus iconiques : David Bowie et son double venu d’ailleurs, Ziggy Stardust…

C’est l’une des plus belles créations musicales du XXe siècle, et elle résonne dès les premières pages de ce livre consacré à la légende David Bowie. Space Odity, premier grand succès du musicien, introduit l’époque du Major Tom, bientôt supplanté par un autre alter ego, plus flamboyant encore : l’extraterrestre Ziggy Stardust. Nous sommes alors en 1972. Avec son groupe The Spiders from Mars, Bowie entame une tournée d’un an et demi qui l’amènera du Royaume-Uni aux États-Unis en passant par le Japon. Bowie devient une star interplanétaire. Près de 200 concerts, deux albums enregistrés durant la période, une ascension fulgurante et une fin brutale qui laisse ses musiciens et les fans sur le bord de la galaxie :

« C’est non seulement le dernier concert de la tournée, mais aussi notre dernier concert »

Ce soir-là, sur la scène de l‘Hammersmith Odeon à Londres, David Bowie tue Ziggy Stardust. Le choc !

« Brulées les paillettes et les promesses… C’était la fin d’une époque ».

Le fin d’une époque et le début d’une autre ! Berlin. Avec la volonté pour David Bowie de redescendre sur Terre, de se retrouver et de se réinventer. Avait-il pressenti avant tout le monde la fin du glam rock ? S’était-il lassé d’un personnage qui menaçait de l’engloutir ? Ou refusait-il tout simplement de se répéter ?  Les 344 pages de ce magnifique roman graphique n’apportent pas de réponse définitive. Reinhard Kleist choisit plutôt d’ouvrir des pistes, de laisser parler son cœur, en retraçant deux périodes charnières : Ziggy et Berlin, tout en ouvrant des fenêtres sur sa jeunesse et ses derniers jours. 

Abandonnant ici son noir et blanc habituel pour coller au personnage haut en couleurs, Reinhard Kleist conserve tout de même un trait vif, réaliste et expressif. Ses scènes de concert explosent de flamboyance bowiesque, à la croisée du documentaire et de la rêverie graphique.

Eric Guillaud

Starman, Quand Ziggy éclipsa Bowie, de Reinhard Kleist. Casterman. 28€

© Casterman / Kleist