03 Déc

Spawn 2025 ou comment relancer une série sans trahir son ADN

Personnage emblématique des comics indépendants nord-américains des années 90, Spawn a eu tendance ces dernières années à quelque peu perdre ses lecteurs et lectrices à force de diversification. Une nouvelle série, dont les douze premiers épisodes sont compilés ici en VF, tente de remettre un peu de l’ordre dans tout ça. 

On peut carrément parler d’empire. Sa carrière, Todd McFarlane l’a quasiment presque entièrement construite sur le personnage de Spawn, créé en 1991. Même si pour beaucoup son heure de gloire est derrière lui, ses multiples déclinaisons ayant fini par quelque peu épuiser les lecteurs à force de détours parfois à la truelle, cette icône faustienne refuse de mourir, à l’instar d’Al Simmons l’agent spécial qui lui a donné naissance en passant un pacte diabolique pour revenir d’entre les morts.

Mais entre les one-shot plus ou moins réussis et les multiples rééditions, il est parfois difficile de s’y retrouver pour le néophyte. La série Spawn 2025 arrive donc à point pour servir de plutôt bonne porte d’entrée pour ces derniers, mais à condition d’avoir un minimum bossé son sujet.

@ Delcourt / Todd McFarlane, Brett Booth & Rory McConville

Est-ce qu’on peut parler de reboot à proprement parler ? Pas tout à fait, mais plus de l’ouverture d’un nouveau chapitre remettant les choses à plat tout en se référant au passé et en permettant aux nouveaux venus de découvrir l’esprit torturé de ce rejeton de l’enfer tel qu’il se définit lui-même sans forcément connaître sur le bout des doigts son passif.

Premier élément important : à l’instar de pas mal de ses successeurs, le dessinateur Brett Booth se cale ici volontairement dans le style graphique d’origine. Il se rapproche au plus possible de la patte 90s de McFarlane, avec le même goût pour les visages anguleux, l’outrance visuelle et les couleurs qui pètent dans tous les sens.

Ensuite, même si la série n’a jamais trop versé dans le blabla inutile, l’accent est ici clairement mis sur l’action à tout va. Il faut dire que le point de départ est plutôt propice : suite à une décision malheureuse de Spawn (racontée dans Spawn #100) le trône des enfers a été laissé vacant trop longtemps, les agents du ciel et de l’enfer se retrouvent bloqués sur terre, privés de leurs pouvoirs. Bludd, le roi des vampires en profite pour les exterminer et prendre le pouvoir. Bien qu’affaibli et redevenu mortel, Spawn va essayer de corriger son erreur…

@ Delcourt / Todd McFarlane, Brett Booth & Rory McConville

Présenté comme ça, forcément, cela paraît très grandiloquent et pour être franc, ça l’est. Mais c’est justement là tout le sel du personnage. D’ailleurs, plus on progresse dans les douze premiers épisodes de cette nouvelle série mensuelle (réunis pour la France dans ce tome), plus le ton devient nerveux et flamboyant, culminant avec des batailles absolument dantesques dans les deux derniers épisodes dont certains des protagonistes rappellent furieusement certains héros de la série télé Le Chevalier Du Zodiaque mais version apocalyptique !

Todd McFarlane, ici crédité comme co-scénariste, reste peut-être bloqué sur les mêmes obsessions (la damnation, le prix à payer pour conserver son humanité, ce monde souterrain qu’on refuse de voir) mais avec Spawn 2025, il prouve une nouvelle fois qu’il n’a pas perdu de son mordant.

Olivier Badin

Spawn 2025 de Todd McFarlane, Brett Booth & Rory McConville. Delcourt. 30€